Source: Senego |
Tant
d’hommes et de femmes décrivent encore leur passé avec brio. Mais l’étonnante
façon dont Mouhamadou Mounir s’y prend confine tout simplement à l’irréel. Ce
jeune enseignant ayant vu le jour il y a quarante trois ans à Louga, garde
encore un attachement superstitieux à son passé. Un indémodable passé qui ne
passe toujours pas. Une évocation fascinante de cette partie de sa vie
d’étudiant qui commença à Sanar. Inutile d’ajouter que des milliers de
« made in Sanar » se reconnaîtront dans cette rétrospective à
laquelle, inéluctablement, quelque once de mélancolie vient s’accrocher.
Retour sur une expérience
unique
A
l’instar de Mamadou Bamba TALL, qui s’inscrivit le premier à l’Université de
Saint-Louis et dont le portrait figure dans le N.09 du Journal Le Campus, Mouhamadou Mounir Sy est né à
Louga. Tout aussi comme le premier nommé, le second fut de la première
génération de l’UGB.
C’est à vingt et un ans que cet
exégète devenu du droit foula pour la première fois le sol encore vierge de
l’UGB. Un premier souvenir quelque peu douloureux qu’il explique par un climat
« maussade, austère et très difficile ». Ce qui le fonde à
enchaîner : « Face à cette atmosphère, nous étions contraints de nous
aider les uns les autres comme les membres d’une même famille. Sanar a été pour
nous une vraie école telle le bois sacré au point que 20 ans après, nous nous
réclamons de SANAR et exhibons partout notre fierté d’être diplômé de l’UGB ».
L’actuel directeur du BSDA (Bureau Sénégalais du Droit d’Auteur) s’était inscrit à la
Section Collectivités
Locales de l’UFR Sciences Juridique et Politique (SJP). C’est là où le
privilège lui fut donné de rencontrer le Pr. Babacar Kanté à qui il voue manifestement
une irrésistible admiration : ce dernier est et « demeure toujours
mon maître « parce que c’est lui qui m’a appris à apprendre le Droit, et
qui m’a enseigner à enseigner le Droit ».
Son
adresse au campus, Mouhamadou Mounir SY s’en souvient comme si c’était
hier : « 8 G2 A ». On apprend avec ce passionné qui se raconte que
« l’excellence au service du développement » est un vieux slogan
accrocheur, fût-il implicite à l’époque : « J’ai été attiré par la
devise de l’Université de St-Louis : Université d’Excellence ». A
cette première raison, Mounir Sy ajoute d’autres qui l’ont poussé à s’inscrire
à l’UGB : la nouveauté de cette Université et la crainte d’être orienté à
l’UCAD.
De ses anciens camarades sanarois
(Cheikh Yérim SECK, Aly Tandian, Bamba Yade, Waly Fall, Mass Gueye, Amadou
Lamine Dieng, Ousmane Thiongane, Tamsir Jupiter Ndiaye, El Hadji Abdourahmane
Diouf) avec qui il entretient de solides relations, Mouhamadou Mounir garde
encore un souvenir vivace. Leur courage, leur persévérance et surtout l’amour
qu’ils se vouaient les uns aux autres ont singulièrement retenu son attention.
Les relations de ces derniers
avec les autres composantes de l’UGB viennent en appoint à ce climat social
déjà enviable : « Les enseignants aussi, de qualité, se comportaient
avec nous en bon père de famille parce que diligents, prudents et avisés. Parmi
eux, je peux citer Samba Traoré, Isaac Yankhoba Ndiaye (Jacob), Serigne DIOP,
Abdallah CISSE et surtout BABACAR KANTE qui est et demeure mon Maitre. Je dois
également citer les administratifs comme Saliou Rama KA, alors Directeur du
CROUS, Ndiaye Tintin, Armand le médecin, CISSE, Chef de village, Galandou et Pa
Ndiaye, chefs de village et Bilal au Restaurant. Au rectorat, je pense à Doudou
Diop, à Yatou, à Saer Gaye, à Nafi standardiste, Cheikh Gaye et Mboup au centre
de presse entre autres ». Toutefois, ceux qui l’ont le plus marqué à
l’Université Gaston Berger de Saint-Louis sortent de ce lot : Cheikh LEYE
(Juge à la Cour des Comptes) et Mbacké DIA.
Tout concourt à indiquer que la
première génération de l’Université de Saint-Louis entretenait de magnifiques
relations avec les habitants de Sanar. Ce témoignage du juriste vient le
confirmer : « Lorsque Serigne Abdoul Aziz SY al Amine était venu me
rendre visite à ma chambre, des habitants de Sanar Peulh et Wolof se sont rués
vers le 8g2A en raison des relations très étroites que je nouais avec eux.
Pendant les ziaras à Tivaouane pour voir Mame Abdou Dabakh et Serigne Mansour
SY, les habitants de Sanar nous ont toujours accompagnés et venaient souvent me
rendre visite surtout chez les Wolof la famille d’Ablaye FALL et MADAME
Boutiquière à Sanar Peulh ».
Hélas, après son obtention de la maîtrise de droit
public, Mounir Sy va devoir couper le cordon ombilical d’avec l’Université qui
l’a vu monter graduellement les échelons pour la France. En effet, il n’y avait pas encore de
troisième cycle à Saint-Louis ; ce qui le conduisit à prendre le chemin de
Toulouse.
Bien des années après son départ
de Sanar, Mouhamadou Mounir Sy participe encore à en perpétuer l’inoxydable
prestige. Le gérant de restaurant Bilal à qui il faisait allusion –et que nous
sommes allés trouver, tout au début de notre entretien, parle toujours de lui
comme d’un garçon posé, réfléchi, imbu de politesse et soigneux de ses études.
Voilà qui rime joliment avec l’image que réfléchissent ses analyses,
ses prises de position dans les débats publics. Bref, la personnalité d’un
intellectuel tout sauf « à gage », consciencieux, généreux dans le
décryptage,…tout le contraire d’un juriste retors.
Des conseils pour les étudiants
sanarois, Mounir Sy n’en manque pas : « Rester dans la philosophie de
SANAR. Favoriser le meilleur. Fouler le sol, c’est peu dire. Rester eux-mêmes
et chercher à devenir toujours le meilleur ».
« Mon rêve,
martela-t-il, est de servir l’Université
qui m´a forgé ». A quoi on peut répondre-pensant à la célèbre loi
universelle d’Emmanuel Kant- pourvu que tout le monde en fasse de même !
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